Je sais, c’est un
peu « facile ». J’ai d’ailleurs hésité avant de me permettre ce titre
sensationnaliste et un tantinet racoleur je dois bien l’admettre. A chacun sa
façon d’évacuer les excès de stress. Il y a ceux qui s’énervent, crient,
hurlent émettent des grossièretés. Il y a ceux qui « prennent sur
eux », des candidats à l’ulcère et autres joyeusetés. Je préfère l’ironie,
même si elle est parfois un peu grinçante.
Donc lundi, Mme
Mogherini qui succède à Lady Ahston passait son examen devant le Parlement
Européen. Si vous vous souvenez bien, sa candidature à la succession avait été
un temps discutée car on la soupçonnait d’être trop « neutre » vis à
vis de la Russie. En effet, n’avait-elle pas prôné un certain dialogue avec le
« diable ». On l’a d’ailleurs vue lui serrant la main (photo). C’est dire.
Que s’est-il passé
dans les couloirs feutrés de la commission, quels compromis ont-ils été
élaborés, quelles garanties a-t-elle dû donner pour finalement obtenir ce poste ?
Je ne suis évidemment pas dans le secret des dieux de l’olympe bruxellois. Je
ne peux que constater que pour son entrée en matière, cet examen de passage
devant le PE, elle n’a pas lésiné. Elle a parlé, rien moins, que d’un recours à
la force armée. Pas mal pour un début, non ? Attention, c’était pour
ajouter qu’une telle intervention ne serait pas nécessaire… Alors à quoi bon le
mentionner, me direz-vous. Peut-être n’est-elle pas encore complètement entrée
dans le moule bruxellois. En s’entendant parler comme il se doit en ce cénacle,
elle a peut-être pris peur et s’est rétractée. Qui sait. Ce genre de réflexes
stupides devrait lui passer rapidement. En tout cas si elle veut garder sa
place.
Pour le reste, un
sans faute !
Oui, il faut
maintenir les sanctions et il faut même que tous les pays ne fassent qu’un
derrière Bruxelles. L’EU semble avoir pour les sanctions la même passion que
les médecins de Molière pour la saignée. Pensez, depuis 2003 ils ont introduit des sanctions
contre la Birmanie, contre la Biélorussie, contre la Libye, à deux reprises
contre l’Iran, contre la Syrie.
Qu’est-ce donc que
ces pays qui demandent la levée des sanctions au motif que leur économie en
souffre. Je vous demande un peu. Après tout, l’économie n’est pas le secteur de
Mme. Mogherini. Son secteur c’est la politique étrangère. Au fait, la politique
étrangère d’un ensemble qui n’a pas de politique étrangère (au sens d’unique et
de cohérente), c’est quoi ? A moins qu’il ne s’agisse d’être la porte
parole en Europe de la politique étrangère du patron américain. Celui dont le
vice-président déclarait devant un parterre d’étudiants à Harvard en fin de
semaine dernière que les pays européens ne voulaient pas appliquer les
dernières sanctions, mais que le président Obama avait su trouver les arguments
pour les forcer à le faire.
La déclaration de
M. Biden à Harvard comportait d’autres « perle », des choses qu’un
vice-président américain ne peut pas dire, même quand il les pense. Il a donc dû
appeler quelques dirigeants de pays du Moyen Orient dont il avait mis la
loyauté en doute, pour s’excuser. Il n’a pas cru bon d’appeler l’UE pour le
faire. A chacun sa place dans la hiérarchie américaine, n’est-ce pas ?
Alors, à quoi
pense l’ambassadeur de France en Russie qui déclare à des journalistes à
Ekaterinbourg : « Nous espérons sortir de ce cycle des sanctions
dans un avenir proche. Et nous sommes venus ici pour nous préparer au
moment, où il sera possible de mettre intégralement en œuvre la machine de la
coopération franco-russe ». Nous
savons tous qu’un ambassadeur ne prendrait pas la responsabilité de ce genre de
déclarations. Ce qu’il dit publiquement, il le dit au nom de la France et donc
il doit avoir l’accord du quai d’Orsay avant de parler.
On n’ose penser à un éventuel « réveil » français. En plus,
il est trop tôt pour le faire. Et puis, ce n’est pas sans risques et ce n’est
pas dans le caractère du président actuel. Mais tout de même, la France n’a pas
renoncé à livrer le premier Mistral, malgré les « fortes pressions »
du partenaire américain (cher partenaire). Malgré ce que cela a, peut être,
coûté à la BNP. Bon, c’est vrai, on a fait mine de se « coucher » un
temps, mais c’était pour ne pas gâcher la belle fête de cette rencontre de
l’Otan au Pays de Galles. C’est vrai, quoi, il est plus facile d’être seul
contre tous quand, justement, ces « tous » ne sont pas physiquement
en face de vous.
Maintenant on vient nous faire miroiter un hypothétique gros contrat
d’armement avec la Pologne si on ne livre pas le second bateau. Mais depuis
qu’elle est indépendante, la Pologne a toujours acheté son armement aux
américains. On nous prend vraiment pour des demeurés ou quoi ?
Comme disait M. Chirac, « les ennuis volent toujours en
escadrille » (je ne suis d’ailleurs pas sur qu’il n’employait pas un terme
un peu plus « percutant »). Après la BNP, le Mistral, des dirigeants
de grandes entreprises françaises qui déclarent qu’ils continueront à faire des
affaires avec la Russie comme d’habitude ou presque, voilà que la commission prépare
des remontrances à propos du budget 2015 de la France et parle même de
sanctions (tiens encore ?) financières de plusieurs milliards d’euros. On
a déjà tellement de mal à faire des économies, ils nous en veulent à Bruxelles ?
Tout ceci est-il dû totalement au hasard, après les déclarations de
notre ambassadeur, celles un peu antérieures de M. Chevènement et notre
obstination à tenir notre parole vis à vis de nos clients ?
La France n’est pas la seule à souhaiter ouvertement une fin des
sanctions. D’autres pays l’on fait avant elle, comme la Tchéquie. Mais ces pays
n’ont pas le même poids économique et symbolique dans l’UE. Si la France devait
un jour prendre ses distances avec l’Europe de Bruxelles (pas l’Europe en
général, bien sûr) et, pourquoi pas, l’euro, c’en serait sans doute fini de ces
deux constructions. Le message de Bruxelles est donc clair, « en rang et
je ne veux voir qu’une seule tête » !
Ceci me ramène à la remarque de M. Biden. Il a dit, dans son discours
que « les Européens » ne voulaient pas appliquer ces sanctions et le
président Obama, etc. Mais de qui parlait-il vraiment ? Des Européens
comme un ensemble de pays pris globalement ou de l’Union Européenne, c’est à
dire de Bruxelles ? Je pencherai pour la première solution et c’est pourquoi
il n’a pas cru bon d’appeler pour s’excuser. Il sait, nous savons, Bruxelles
évidemment sait que les fonctionnaires de Bruxelles étaient prêts à appliquer
ces sanctions. Ce sont les pays qui ont un peu renâclé. Ils avaient déjà pu
constater les effets négatifs des sanctions sur leurs propres économies. Et
puis, les dirigeants des pays européens ont de lourdes responsabilités devant
leurs électeurs. En particulier il faut absolument faire redémarrer ces
économies en panne depuis si longtemps. Et puis, la Russie est un énorme client
et en matière de commerce, les places perdues sont difficiles à reprendre.
Un fonctionnaire européen
n’a pas ce genre de problème. Où sont ses électeurs ? Mais il lui faut
absolument préserver l’UE. Il s’agit de sa carrière, on ne rigole pas avec ces
choses là. Les dirigeants de Bruxelles ont choisi leur camp, celui du bassin
atlantique. Ils étaient donc prêts, sans états d’âme à appliquer les nouvelles
sanctions et ne se sont donc pas sentis visés par les remarques de M. Biden. Et
l’honneur de l’Europe, me direz-vous ? Les citoyens européens ne se
reconnaissent pas dans l’UE, pourquoi demander aux fonctionnaires de Bruxelles
de le faire. Et en ces périodes de chômage…
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