La prestation télévisée du président français m'a laissé
une très désagréable impression de solitude. La solitude de quelqu’un qui se
sent dirigé par un irresponsable qui se moque complètement de son sort, une
espèce d'extra-terrestre perdu dans son rêve, déconnecté de la réalité et non
concerné. C’est peut-être çà le pire, non concerné...
Si seulement il s'agissait d'un cas unique, on pourrait
se dire "bon déjà la moitié de passée, un peu de patience ! ».
Mais que se passera-il dans deux ans et demi? Quel autre irresponsable va venir
briguer les suffrages de la population ?
Regardez autour de vous, à droite, à
gauche, devant... Des candidats ? Effectivement il n'en manque pas. Mais que
valent-t-ils ? Un confrère me disait récemment, « le problème, tu vois,
c'est que les qualités pour se faire élire ne sont pas celles nécessaires pour
gouverner ».
Mais pour gouverner quoi et qui ? Depuis le début du
renforcement du rôle de l’Europe, la zone de responsabilité des politiques de
chacun des pays n’a cessé de se rétrécir au profit de Bruxelles. Et qui dirige
à Bruxelles ? Des politiques, c’est à dire des personnes responsables de
leurs décisions devant des électeurs ?
Nos politiques nationaux nous expliquent qu’ils ne
peuvent pas faire ce qu’ils veulent, à cause de Bruxelles. Puis, comme il faut
bien nous faire avaler cette situation non démocratique, ils nous expliquent
que « l’Europe c’est la paix ». Il n’ont plus le culot de nous dire
comme ils l’ont fait aussi pendant des années que « l’Europe c’est la
prospérité », alors ils nous expliquent que la France sans l’Europe, ce
serait le chaos. Ou comme l’a dit l’irresponsable en chef français :
« un France rabougrie, rapiécée, fermée sur elle-même ». Le choix
même des mots est révélateur…
Nous voilà donc condamnés à vivre dans une démocratie qui
n’en a plus que le nom, un régime surréaliste dans lequel le rêve est permis,
mais lui seul. Circulez bonnes gens et allez donc remplir une grille de
Loto !...
Que recherchent les politiques qui briguent des positions
de responsabilité ? Que pourrait donc chercher une personne sérieuse et
honnête alors qu’il n’y a presque plus de responsabilité attachée à ces postes,
que le pouvoir de changer les choses s’est déplacé ?
Si on veux un tel pouvoir, on ne peux donc vouloir autre
chose que le pouvoir pour le pouvoir. Mais une telle quête de pouvoir pour
lui-même, entre en contradiction avec les valeurs que l’on prétend défendre.
Comment régler cette situation de dissonance cognitive ? En se réfugiant
dans un monde virtuel où la réalité n’a plus de prise. Quand on est dans ce
monde virtuel et que, pour faire plaisir à quelque « communiquant »
supposé nous faire gagner quelques misérables points dans des sondages de
popularité (comment peut-on encore parler de popularité, d’ailleurs), on feint
de s’intéresser « aux gens », on ne peut sonner juste. On peut juste
« noyer le poisson » quand on vous parle de délocalisation où faire
preuve d’arrogance en conseillant à un étudiant qui ne trouve pas de travail de
s’expatrier…
Un président qui, pour résoudre un problème grave de
dissonance, donc un problème psychologique, fuit la réalité et se réfugie dans
un autre monde, un monde virtuel, perd petit à petit le contact avec la réalité
alors que, justement, il a été élu pour influer sur cette réalité dans un sens
qui améliore les conditions de vie de ceux qui l’ont élu.
Et il nous entraîne, dans une démocratie surréaliste, le
contraire de la démocratie…
Il est donc normal pour lui, dans ce monde irréel, de
considérer qu'il peut régler les problèmes en répondant à quatre personnes
(soigneusement choisie, on s’en doute), sans apporter de vraies réponses mais
en voulant donner l’impression de compatir avec leurs souffrances, comme s’il
n’était pour rien dans ces souffrances. Irresponsable donc non coupable…
Mais quand on aborde le vrai sujet du chômage, notre chef
irresponsable admet modestement que le chômage ne pourra régresser sans une
reprise de la croissance, tout en expliquant que la croissance est maintenant
en dehors de la zone d’influence possible de son gouvernement.
De novembre 1991 à novembre 2014, nous sommes passés du
« responsable MAIS pas coupable » au « irresponsable DONC pas
coupable ». C’est pourquoi de tels politiques ne sont pas gênés que ce soit
exclusivement les autres qui pâtissent de leur médiocrité et de leur incapacité
à agir sur les événements. Peut-être que, comme le disait récemment le premier
ministre qui enregistre sur « La Voix de son Maître », « les
conditions ne sont pas réunies ». En disant cela, ils expliquent qu’en
réalité ils ne sont pas responsables de la décision, ce sont les
« conditions » qui le sont…
Solitude et impuissance mènent à la rage qui, elle, peut
mener n’importe où, surtout là où on ne devrait pas aller dans un pays moderne
et démocratique. Mais la France d’aujourd’hui est-elle encore cela ?
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