dimanche 8 février 2015

Ukraine : un voyage pas vraiment rassurant


Après les rencontres de Kiev et Moscou, les discussions entre Angela Merkel et François Hollande avec Petro Poroshenko d’abord, puis Vladimir Poutine, nous attendons tous des éclaircissements ce soir. Une solution durable à cette crise peut-elle être trouvée ?

Mon optimisme naturel me pousse à penser que oui. Cependant les déclarations de ces dernières vingt quatre heures ne sont pas très encourageantes.

Hier, dans une interview à un quotidien italien, Federica Mogherini déclarait : « Sans le soutien politique, financier et militaire du Kremlin, les séparatistes n'auraient jamais pu faire ce qu'ils font. Ainsi, Poutine dispose d'instruments permettant de résoudre ce problème. »

Peut-être, mais on pourrait aussi dire : « Sans le soutien politique, financier et militaire de l’Union Européenne, le gouvernement de Kiev n'aurait jamais pu faire ce qu'il fait. Ainsi, l’Union Européenne dispose d'instruments permettant de résoudre ce problème. »

Ou encore : « Sans le soutien politique, financier et militaire des Etats-Unis, le gouvernement de Kiev n'aurait jamais pu faire ce qu'il fait. Ainsi, les Etats-Unis disposent d'instruments permettant de résoudre ce problème. »

Première remarque : que le « Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité » rejette ainsi, à priori, la responsabilité de la résolution de la crise sur la Russie ne me semble pas de bonne augure quand au moins trois parties devraient œuvrer de concert.

Ensuite, va-t-on ou non livrer des armes à l’Ukraine. Pour le moment, l’Union Européenne dit non, pas question. Deux jours avant, le Wall Street Journal expliquait que les Etats-Unis étudiaient la possibilité de le faire pour des armes, soi disant « défensives » (incroyable subtilité). La visite de John Kerry était aussitôt interprétée comme une préparation à ces livraisons. L’Union Européenne est contre et les Etats-Unis sont pour. Alors, livrera, livrera pas ? Mais à Munich, on apprenait par la bouche du même John Kerry que "Permettez-moi de rassurer tout le monde: il n'y aucune divergence entre les Etats-Unis et l'Europe. Nous sommes solidaires en ce qui concerne l'absence de solution militaire en Ukraine, et nous sommes unis dans nos efforts diplomatiques".

Deuxième remarque : à qui faire confiance ? Par le passé, lorsqu’un dirigeant américain expliquait « nous sommes solidaires », cela voulait dire, le plus souvent, « le point de vue américain a fait l’unanimité »… Donc on négocie en préparant les livraisons d’armes que l’on ne livrera pas si Vladimir Poutine se range à notre point de vue. C’est la nouvelle méthode de négociation née de l’illusion d’un monde unipolaire et du providentialisme américain. Une méthode qui tient plus de l’ultimatum que de la diplomatie. Qui peut croire que Vladimir Poutine va radicalement changer de position aujourd’hui après la visite du « duo de charme » de l’Union Européenne ?

Dernier point qui n’est guère rassurant non plus, selon François Hollande, il s’agissait de la « négociation de la dernière chance ». Animé d’un tel optimisme, comment être convainquant ? Les affaires internationales sont d’un ordre légèrement différent de la recherche de compromis au sein du parti socialiste français. Hélas !

En attendant, on se bat toujours en Ukraine de l’est et les pertes sont certainement supérieures à ce que l’on nous raconte. Selon l’édition du week-end du Frankfurter Allgemeine, "Les services spéciaux allemands évaluent à 50.000 le nombre des victimes parmi les militaires et civils ukrainiens. Ce chiffre est dix foix supérieur aux informations officielles, qui ne sont pas crédibles".

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