Décidément, la crise
grecque, quelle que soit son issue aura eu au moins l’avantage de clarifier les
points de vue. Après le « Il ne peut pas y avoir de choix démocratique
contre les traités européens » de Jean-Claude Junker, l’obstination
d’Angela Merkel dans la politique mortifère d’austérité, voilà le président du
parlement européen, Martin Schulz qui appelle de ses vœux un "gouvernement
de technocrates" pour en finir avec "l'ère Syriza".
Car, voyez-vous, la population
est devenue incapable de comprendre ce qui est bon pour elle et elle ne pense
qu’à son bien-être. Il faut donc que ceux qui savent, les personnes
intelligentes et éduquées prennent les rênes. On pourrait imaginer que la
responsabilité de ces personnes soit d’expliquer ce qui est bon afin que la
démocratie puisse jouer son rôle. A quoi bon cette perte de temps, de toute
façon, l’économie est devenue tellement compliquée, autant imposer les
solutions sans chercher à les expliquer, c’est autant de temps gagné.
J’admets volontiers que
l’économie est quelque chose de compliqué. Il n’y a qu’à voir les résultats
obtenus dans le monde par ces « brillants esprits » :
dépressions, récessions, plans de sauvetage, austérité, chômage, des efforts,
toujours des efforts et toujours pour les mêmes, des inégalités toujours
grandissantes.
Un humoriste disait un
jour, « il faut prendre l’argent des pauvres pour le donner aux riches,
comme cela il n’y aura bientôt plus de pauvres, il n’y aura que des riches et
tout le monde sera heureux » ! Les néo cons n’ont pas compris que
c’était de l’humour, c’est sans doute pour ça qu’on les appelle comme cela.
Martin Schultz n’est pas
seul à penser que des « technocrates » peuvent seuls sauver la
situation quand tout va mal. Souvenez-vous de l’Italie en 2011/2012. Mario
Monti a été désigné premier ministre en remplacement de Silvio Berlusconi. Une
année de gouvernement de ce « billant technocrate », ancien
consultant de Goldman Sachs a, évidemment, permis de renforcer la confiance de
la finance internationale en l’Italie et à faire baisser les taux d’intérêts
payés par le pays, c’était quand même la moindre des choses avec un tel
curriculum vitae.
Mais pendant cette année,
le PIB italien a baissé de 2,4%, principalement en raison de sa politique de
rigueur et le déficit est passé de 1,7% à 2,6% du PIB en raison même de cette
récession. Quant au chômage, il est passé de 8,6% à 11,1% de fin 2011 à fin
2012.
Pour le Larousse, un
technocrate est « un homme, une femme politique ou un haut fonctionnaire qui fait prévaloir
les données techniques ou économiques sur les facteurs humains ». L’idée
que seules ces personnes puissent gouverner un pays, ou gouverner l’Union
Européenne est effrayante quand on pense qu’ils gouvernent justement, des êtres
humains. En plus et c’est bien le pire, ils le font, pour la plupart, en toute
bonne conscience puisque, comme l’expliquait Emmanuel Todd en 2002 déjà : « Les
éduqués supérieurs, après un temps d’hésitation et de fausse conscience,
finissent par se croire réellement supérieurs[1] ».
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